La ville de Mbujimayi fait face à des pluies diluviennes qui s’abattent quasi quotidiennement. Les averses débutent tôt le matin et viennent s’arrêter parfois en début de soirée. Une situation peu habituelle qui entraîne des conséquences néfastes sur le vécu de la population.
Le secteur de commerce, l’agriculture, la construction des infrastructures de base sont particulièrement touchés. Les pluies s’abattent à trois jours de suite, avec des courtes interruptions, empêchant la population de sortir et aller « chercher de quoi manger ».
Vivre au « taux du jour », une équation insoluble
Au chef-lieu du Kasaï Oriental, faute d’emploi, plusieurs ménages vivent grâce au secteur informel. Ici, l’expression consacrée est « vivre au taux du jour »: ce qui signifie qu’il faut sortir et aller « se débrouiller » pour nourrir son foyer. Les négociants de diamant, les artisans, les petits commerçants, les vendeurs ambulants, les courtiers et d’autres intermédiaires survivent grâce aux revenus qu’ils réalisent quotidiennement. Dans ces secteurs, impossible de planifier sur la durée, certains sortent sans savoir s’ils vont trouver de quoi manger. Aujourd’hui, ils sont particulièrement affectés par les pluies qui arrosent la ville chaque jour.
« Ça commence à ressembler à autre chose, on ne comprend rien », s’écrie un marchand. « C’est vrai que nous tendons vers la fin de la saison pluvieuse, mais à ce rythme personne ne va tenir. Ne s’agirait-il pas là d’une des conséquences du réchauffement climatique ? », S’interroge-t-il, avec raison. En effet, les géographes locaux sont unanimes que la perturbation du calendrier des pluies est certainement liée à ce phénomène.
Du coup, les prix de certains produits vivriers et manufacturés grimpent sur le marché. Un sac de ciment est vendu ce mardi jusqu’à 62$ par les détaillants, contre 25$ à la même période l’année dernière. La mesure du maïs, l’aliment le plus consommé localement, coûte entre 5500 et 6500 FC, alors que nous sommes loins de la période de soudure. Et la tendance haussière est la même pour presque tous les produits. Outre les raisons macroéconomiques comme la dévaluation du Franc congolais, les opérateurs économiques se plaignent de la détérioration des routes d’acheminement des biens par les pluies, ce qui entraîne des pertes et des coûts supplémentaires.
Les chantiers publics à l’arrêt
« Nous avons commandé 20 000 sacs de ciment au Katanga pour poursuivre les travaux. Mais la SNCC ne les achemine pas ici. Pendant ce temps la route Mbujimayi-Lubumbashi est tellement dégradée que nous ne savons pas les transporter par camion », nous confie un des responsables de la société SAFRIMEX qui construit environ 35 km des routes urbaines à Mbujimayi. Et sur plusieurs chantiers, les travaux sont complètement à l’arrêt faute des matériaux, les engins sont stationnés et les ouvriers invisibles.
Les eaux de pluies continuent elles d’éroder la chaussée en terre battue des avenues déjà compactées. Les avenues encore en cours de préparation sont transformées en marée boueuse, impossible parfois d’y passer même avec un véhicule. Dans certains quartiers, les maisons sont emportés par le courant d’eau, faisant plusieurs sinistrés.
SAFRIMEX n’est pas la seule entreprise qui fait face à l’épreuve de la pluie. SAMCRETE qui construit la route Mbujmayi-Kananga tout comme PAN CHINE qui modernise l’aéroport de Bipemba sont également en grande difficulté. Pareil pour celles qui construisent l’Université officielle de Mbujimayi, l’institut Kalenda Mudishi et d’autres bâtiments publics. La plupart d’entre ces sociétés sont en rupture de matériaux et appellent de tous leurs vœux l’arrivée de la saison sèche pour être livrées notamment en ciment. Mais elles devront encore attendre environ 1 mois, sauf perturbation du calendrier des saisons.
|Par Arsène MPUNGA