Des sacs contenant des corps sans vie retrouvés dans les marécages, en brousse et dans les coins des avenues, la scène devient répétitive à Lubumbashi, deuxième grande ville de la RDC. Le chef-lieu du Haut-Katanga est le théâtre, depuis plusieurs mois, des kidnappings suivis d’assassinats d’enfants et des personnes adultes.
Les criminels utilisent des sacs blancs avec une bande rouge pour envelopper les corps, après leurs forfaits. La dernière trouvaille macabre des cadavres remontent au jeudi 29 mars de cette année. Plusieurs corps ont été retrouvés dans une rivière de la commune de la Katuba.
Spéculation sur le mobile des meurtres
Cette situation est de plus incompréhensible et pour le moment non élucidée par les autorités locales. Du coup, pris par la peur, les habitants de la ville cuprifère spéculent dans tous les sens, au sujet notamment du mode opératoire des meurtriers.
« Nous sommes fatigués avec ce mouvement des kidnappeurs. Cette fois-ci, ils ont augmenté le niveau et les techniques d’opération. Ils ont des taxis avec vitres teintées, avec lesquels ils enlèvent les gens de tout âge. Ce que nous savons est que ces gens avaient des périodes où ils opéraient, c’était souvent pendant la saison de pluie et surtout en pleine journée. Mais actuellement, c’est tous les jours, la nuit ou la journée. Les corps tirés de la rivière aujourd’hui étaient au nombre de 5 et chacun dans son sac. Si vous parcourez Lubumbashi, il y a toujours des pleurs dans les familles », commente un lushois.
Plusieurs personnes à Lubumbashi pensent que ces kidnappeurs n’opèrent pas seuls. C’est avec la complicité de certaines personnalités et autorités du pays et de la province, dans le seul but semer le chaos. Une opinion attribué ces meurtres au commerce d’organes humains.
« On ne peut pas comprendre que ces kidnappeurs fassent des choses pareilles, ils mettent les gens dans les sacs blancs avec bande rouge. Actuellement, ces sacs ne sont sur le marché. Ils vont les tuer et prennent le foie, les parties intimes du corps, les yeux et certaines choses du corps qui leurs sont importantes pour le commerce, car vous n’allez pas me dire que les histoires prises sur les corps de ces gens sont jetées ou congelées non plus », explique un autre habitant de la ville.
« Et comment ces parties du corps arrivent-elles à quitter Lubumbashi ? », S’interroge cet homme qui en arrive à une conclusion sans équivoque : « donc il ya la complicité des autorités et la défaillance des services de sécurités ». Pourtant, Il y’a quelques jours, un nombre important des kidnappeurs avait été arrêté et amené à Kinshasa. Ce qui aurait dû comme effet, la réduction du phénomène. Mais c’est tout le contraire qui s’observe actuellement à Lubumbashi.
« C’est juste après ces arrestations que le kidnapping a pris une autre allure dans la ville de Lubumbashi, et là vous voulez qu’on disent quoi ? Ces gens qui facilitent le kidnapping aujourd’hui oublient qu’ils auront besoin des voies aux législatives de 2023. Seul Dieu nous aidera à sortir de cette situation qui laisse plusieurs familles incomplètes actuellement », conclut cet homme qui a requis l’anonymat pour raison de sécurité.
Des autorités visiblement dépassées
Les autorités politiques et sécuritaires peinent, pour le moment, à enrayer l’insécurité grandissante à Lubumbashi. Le gouverneur du Haut-Katanga, Jacques Kyabula et son gouvernement se débattent, sans des résultats probants jusque là. Il y’a eu tout même plusieurs arrestations des présumés bandits et meurtriers qui sont présentés régulièrement à la presse.
La population est de son côté invitée à doubler de vigilance et d’arrêter de se promener après 21h. L’idée est de permettre aux services de sécurité de faire des patrouilles mixtes, à la recherche des meurtriers et d’autres bandits armés.
|Par Ebedon KAYEMBE