Depuis 2019, il s’observe une accélération de la spoliation des concessions de la société Minière de Bakwanga (MIBA) par les autochtones « Bakwanga », à Mbujimayi. S’appuyant sur un arrêté signé par l’ancien gouverneur du Kasaï-Oriental, Jean Maweja Muteba, les Bakwanga ont pris d’assaut les quartiers résidentiels des travailleurs MIBA (Bodine), y vendent des parcelles et construisent des maisons. Ils affirment récupérer « leurs terres », selon une convention qui aurait été signée avec les belges pendant la colonisation, au moment de la création de la société.
Jusqu’ici, toutes les mesures prises par les autorités locales pour stopper le phénomène se sont avérées inefficaces. L’anarchie se repend, les maisons poussent, y compris dans les potagers des travailleurs MIBA qui se voient priver d’un moyen de survie, dans un contexte où la société est à l’agonie. Leurs enfants se sont constitués en association pour lutter contre cette vague. Certains d’entre eux ont été malheureusement arrêtés « sur demande des Bakwanga » et sont encore au cachot du parquet. On leur reproche d’avoir détruit certaines maisons construites anarchiquement dans les terrains de la MIBA par les autochtones.
Alerté par les travailleurs, le directeur général de la MIBA, Paulin Lukusa Mudiayi dit suivre de près cette situation pour obtenir la libération des jeunes arrêtés. Il a aussi annoncé que des démarches sont en cours auprès des autorités provinciales et nationales pour contraindre les Bakwanga à arrêter de spolier les concessions de la MIBA.
« Nous avons fait des démarches dans les règles d’art. On ne va pas aller dans la brutalité comme les autres le font. Nous, nous intervenons au niveau des autorités compétentes en la matière. Nous avions écrit, nous avions expliqué bien avant quand le gouverneur Maweja avait ouvert cette brèche. C’est comme ça que nous avions beaucoup travaillé avec la Vice-gouverneure (Longa Musuamba) qui était intervenue en signant un arrêté qui a bloqué le mouvement. Mais malheureusement, nos frères (les Bakwanga) disent que c’est chez eux », déclare-t-il.
« Nous avons saisi les autorités au niveau national, la ministre d’État chargée de la justice qui a fait un document donnant toutes les instructions précises au niveau des autorités compétentes ici. Nous avons saisi le ministre national des affaires foncières. Si vous avez vu à Kinshasa, là où on a construit sans avoir des documents officiels, on est en train de détruire. Mais ici, nous ne voulons pas que le bain de sang coule, mais ça ne signifie pas que nous sommes faibles. Nous insistons sur l’état de droit qui doit primer par rapport à tout autre chose », ajoute le directeur général de la MIBA.
Auprès d’une source indépendante, nous apprenons que « certaines autorités locales » auraient acquis des parcelles dans ces terrains spoliés et seraient derrière les Bakwanga. « C’est ce qui justifie le fait que malgré l’interdiction du gouverneur, la spoliation continue », explique la source. Pendant ce temps, les travailleurs MIBA se disent terrorisés et vivent dans l’insécurité la plus totale. « Nous sommes menacés avec des armes à feu et armes blanches par les autochtones, lorsque nous essayons de nous opposer à l’occupation de nos potagers et nos concessions », relate une infirmière de la MIBA toute terrifiée.
D’aucuns craignent que cette situation puisse dégénérer et virer en un affrontement sanglant, si les précautions ne sont prises par les autorités compétentes.
|Par Arsène MPUNGA