Depuis quelques heures, il circule plusieurs publications dans les médias sociaux appelant Ensemble pour la République d’ordonner à ses députés de ne pas siéger à l’assemblée nationale. Cette opinion soutient qu’étant donné que Moïse Katumbi a rejeté les résultats de la présidentielle et appelé à l’organisation de nouvelles élections, il doit rester cohérent avec sa logique , jusqu’au bout.
Mais là où ces compatriotes pêchent, c’est de comparer la situation actuelle de Ensemble à celle de l’UDPS en 2011. Pourtant, les deux tableaux sont différentes à plusieurs points de vue. Mon analyse tend à démontrer que Moïse Katumbi et ses lieutenants ont raison de demeurer dans les institutions, vue les éléments du contexte sociopolitique actuel.
📍En 2011, l’UDPS avait plus de 27 ans d’existence comme parti d’opposition non violent. En 2023, Ensemble n’a que 4 ans d’existence. Du coup, la capacité de résilience d’une formation politique qui a bravé la dictature de Mobutu et la répression des Kabila est 1000 fois supérieur à celle d’un parti nouvellement créé, sur la base de la fusion de quelques partis ;
📍En 2011, l’UDPS fonctionnait avec les donations de ses membres disséminés à travers le monde. En 2023, Ensemble vit essentiellement des apports financiers de son riche président. Du coup, l’UDPS pouvait se passer des retenus (10%) sur les émoluments de ses élus, et continuer de tourner normalement. Ensemble ne peut pas de donner ce luxe;
📍En 2011, l’UDPS était implanté partout à travers le pays, et dans la Diaspora. En 2023, Ensemble est en cours d’implantation ;
📍En 2011, Etienne Tshisekedi était un leader incontestable, une figure emblématique de l’histoire démocratique de la RDC. En 2023, Moïse Katumbi se battait encore à s’imposer comme un leader national.
📍En 2011 , Etienne Tshisekedi pouvait paralyser le pays avec un simple message depuis sa résidence : pas de Marché ni d’école, dépréciation ou appréciation de la monnaie nationale, ville morte partout au pays. En 2023, Moïse ne peut mobiliser que dans une grande partie du Katanga, en Ituri, un peu dans le Kivu.
📍En 2011, Etienne Tshisekedi avait incontestablement gagné les élections (rapport de toutes les missions d’observation). En 2023, à part lui-même et son parti, aucun autre observateur indépendant n’a fait mention, même indirectement d’une éventuelle victoire de Moïse Katumbi à l’élection présidentielle.
Bref, le Moïse Katumbi de 2023 n’a pas le 1/4 de la carrure de Étienne Tshisekedi de 2011. Les comparer est une entorse grave à l’histoire.
D’ailleurs, c’est fort de tous ces éléments que les dirigeants de Ensemble ont pris la sage décision de siéger à l’assemblée nationale. C’est avant tout une question de survie politique comme parti, le combat vient en seconde position. Parce que même immensément riche, Moïse Katumbi ne peut pas se donner le luxe de financer seul un parti politique d’opposition pendant 5 ans supplémentaires, alors qu’il doit s’occuper aussi de Mazembe.
Et sachant les réalités politiques de notre pays, son statut d’opposant ne va certainement pas lui faciliter la tâche comme homme d’affaires (ce qui n’est pas à encourager surtout). Ses sources de revenus risquent d’en partir, et par ricochet toutes structures qui vivent de ses apports financiers. Les déboires de Mazembe pendant son exile en sont une parfaite illustration.
|Rédaction