La République Démocratique du Congo tourne au ralenti. D’aucuns diraient même que le pays est à l’arrêt. En cause, l’absence d’un gouvernement responsable pouvant conduire les politiques publiques. Celui qui est en place expédie les affaires courantes et sa marge de manœuvre est largement limitée.
Pourtant, le Président de la République Félix Tshisekedi a nommé Judith Suminwa Tuluka première ministre depuis le lundi 1e avril 2024. Une semaine après, on est loin, voir très loin de connaître la composition de son équipe gouvernementale. Comme ses prédécesseurs, la nouvelle cheffe du gouvernement fait face aux réalités politiques à la congolaise : gloutonnerie des politiciens, préalables légaux…
Des calculs politiciens à couper le souffle
Tout observateur de la scène politique nationale sait qu’en matière de lutte de positionnement et du partage du « gâteau », les congolais détiennent la médaille d’or. Peu importe la durée des discussions ou les conséquences sur la situation sociale de la population, tant que les appétits « gloutons » des uns et des autres ne sont pas satisfaits, ils bloquent tout.
Et dans le cas d’espèce, alors que l’informateur Augustin Kabuya aurait déjà « tout fait », y compris l’établissement des règles du partage des responsabilités, des informations en notre possession renseigent que les « autorités morales » de l’Union sacrée continuent de se concerter ou de consulter leurs lieutenants, avant de transférer les listes des candidats ministrables à « l’autorité suprême », le chef de l’État. Combien de temps cela prendra-t-il ? Difficile de répondre à la question.
Même si un communiqué signé samedi 6 avril par Augustin Kabuya, en sa qualité de secrétaire général de l’UDPS peut donner quelques indications. En effet, le patron du parti présidentiel affirme n’avoir pas transféré jusque là les noms de ses ministrables ni au Président de la République ni au premier ministre, et lance sur le coup l’appel à candidatures, à l’interne. Un processus visiblement laborieux et qui risque de prendre quelques semaines.
Des blocages légaux
Une fois mis en place, le gouvernement devra être investi par l’assemblée nationale à la majorité absolue. Couac, la chambre basse du parlement n’a pas encore mis en place un bureau définitif ni élaboré un calendrier pour son élection. Les sources bien entrées à l’hémicycle font état d’une bataille sans précédent entre les caciques prétendants au perchoir.
Fort de ses 36 Députés nationaux qui le placent deuxième force politique de l’Union sacrée, Vital Kamerhe revendique légitimement le poste de président de l’Assemblée nationale. Mais c’est sans compter avec la volonté de Modeste Bahati Lukwebo et son ADFC-A, actuellement 4e force politique de la majorité au pouvoir qui n’ont pas leur dernier mot. Un troisième candidat, et pas le moindre, est aussi en course, c’est Christophe Mboso Nkodia. Président sortant et président du bureau provisoire, le vétéran veut rempiler et n’est pas prêt à se laisser faire. Que faire ? « Attendre l’arbitre de l’autorité suprême ».
Au regard de tout ce qui précède, il est évident que la formation et l’entrée en fonction du gouvernement Suminwa ne sont pas pour bientôt. Il faudra se projeter entre mi-mai ou début juin, soit 5 à 6 mois après la prestation de serment de Félix Tshisekedi pour son second et dernier mandat présidentiel. Et pour le peuple, c’est une éternité!
|Par Arsène MPUNGA