Dans une lettre intitulé « ne bradez pas le catholicisme contre les combines politiques », et adressée au bureau permanent de la conférence épiscopale nationale du Congo, CENCO, le professeur Abbé François Kabasele Lumbala s’insurge contre la posture trop politicienne des actuels animateurs du bureau permanent de cette institution de l’église et du cardinal Fridolin Ambongo.
Ce prêtre du diocèse de Mbujilmayi commence par rappeler que « l’église prend part aux joies et souffrances du peuple au sein duquel elle se situe », selon que le recommande le Vatican. Il insiste cependant sur le fait que « cela ne veut nullement dire que c’est à la hiérarchie de l’église de gérer l’administration du temporel ». Une tâche qui revient naturellement aux laïcs chrétiens, selon la doctrine sociale de l’église catholique.
« Nous ne devons pas tolérer que le bureau permanent de la CENCO devienne une structure de contrôle du fonctionnement des institutions de la République, qu’il se mette à donner des leçons à notre parlement de notre République comme si c’était un groupuscule d’ignares, qu’il se charge de juger les magistrats et de déterminer la marche de la CENI. Un tel agissement est une insulte publique à nos institutions, même si ces dernières n’ont pas atteint leur vitesse de croisière », écrit-il.
L’abbé François Kabasele Lumbala monte également au créneau contre les velléités tribales du secrétaire général de la CENCO, Monseigneur Donatien Nshole qui a récemment insinué que le président de la CENI est de la même tribu que le Président de la République. C’est ici qu’il a rappelé les épisodes macabres de stigmatisation des Luba dans l’histoire du pays, notamment « l’épuration ethnique de 1990 » et les tristes événements qui ont suivi la proclamation de la victoire de Félix Tshisekedi en 2018, alimentés notamment par la rhétorique de « la vérité des urnes » largement relayée par le cardinal Ambongo et Monseigneur Donatien Nshole.
« La banalisation du discours, ainsi que la reprise des stéréotypes contre une tribu est un crime, car elle sème des germes d’une guerre civile et mine la cohésion d’une société. Un pasteur chrétien ne sème jamais la haine, mais la paix et la communion…les pasteurs doivent éviter d’opposer les tribus les unes aux autres », insiste ce prêtre catholique.
« Nous admettons que le Président Félix Tshisekedi n’est pas parfait, et qu’il n’inspire pas de sympathie à tous; Mais de là essayer de répandre la haine à son égard dans la société et dans les assemblées liturgiques, cela devient une profanation du culte chrétien et de l’église et nous avons le devoir de le dénoncer ; et comme théologien et prêtre, je m’en insurge », poursuit l’abbé François Kabasele.
Ce Docteur en théologie précise ensuite que « le cardinal au Congo ne représente pas l’église catholique du Congo, mais le l’archidiocèse de Kinshasa ». Une mise au point qui vient lever l’équivoque qui planait sur la position et les opinions du Cardinal Ambongo qui est en croisade depuis plusieurs années contre le pouvoir de Tshisekedi et dont les propos sont souvent attribués à tort à toute l’église.
|Par Arsène MPUNGA