Le président de la République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, a pris la parole à la tribune de la 80e Assemblée générale des Nations unies dans la nuit du 23 au 24 septembre, à 4 heures de Kinshasa. Son allocution a été largement consacrée au drame humanitaire et sécuritaire qui secoue l’Est du pays depuis trois décennies.
Le chef de l’État a qualifié ce conflit armé d’« entreprise prédatrice », dénonçant un génocide camouflé, orchestré pour le pillage des richesses minières stratégiques de la région.
« Les conflits armés qui durent depuis 30 ans en RDC se sont mués en entreprises prédatrices. Elles visent à piller les ressources, effacer notre mémoire collective et détruire nos communautés. Les conséquences sont tragiques : familles décimées, environ 7 millions de morts, femmes et enfants pris pour cibles, villages rayés de la carte, générations sacrifiées », a-t-il déclaré.
Martelant son message, Félix Tshisekedi a insisté :
« Plus qu’un conflit armé, ceci est un génocide silencieux qui frappe le peuple congolais depuis plus de 30 ans. »
Retrait des troupes rwandaises : une condition non négociable
Appelant à une paix véritable et durable, le président congolais a exigé le retrait sans condition des troupes rwandaises présentes sur le territoire national, ainsi que la fin de leur soutien au mouvement rebelle M23.
« Le retrait des troupes rwandaises de la RDC, la fin de leur appui au M23 et la restauration de l’autorité de l’État dans toutes les zones occupées constituent des conditions non négociables pour une paix véritable. Notre objectif reste inchangé : obtenir une paix juste, durable et vérifiable, et non une accalmie factice et éphémère. Car la RDC ne sollicite ni charité, ni commisération : elle exige justice, vérité et dignité. »
Plaidoyer pour des sanctions ciblées
À la tribune de l’ONU, le président Tshisekedi a également exhorté la communauté internationale à adopter un régime de sanctions ciblées contre tous les responsables – congolais comme étrangers – impliqués dans des crimes graves à l’Est du pays.
« La RDC demande que les Nations unies instaurent un régime de sanctions ciblées, y compris pour les crimes économiques et les crimes de génocide commis dans l’Est du pays. Le silence et l’inaction face à ces crimes s’apparentent à une complicité », a-t-il lancé.
Au-delà de la crise sécuritaire, le Président Tshisekedi a également réaffirmé l’engagement de la RDC en tant que « pays solution » pour l’avenir de la planète. Il a rappelé le rôle crucial des forêts et des tourbières du bassin du Congo dans la régulation du climat mondial, insistant sur le fait que la préservation de cet écosystème est une responsabilité partagée. Il a ainsi lié le développement de son pays à la lutte mondiale contre les changements climatiques.
En marge de la session, le Président Tshisekedi a eu une série de rencontres bilatérales, notamment avec le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, et d’autres chefs d’État. L’objectif de ces échanges était d’obtenir un soutien plus ferme de la communauté internationale pour la résolution de la crise dans l’Est et la mise en œuvre de la feuille de route pour la paix et la sécurité dans la région des Grands Lacs. Le discours de Félix Tshisekedi a été salué par ses partisans comme un moment de vérité et un plaidoyer historique pour la justice et la dignité du peuple congolais sur la scène mondiale.
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